Souvenir, il y a 6 mois...
La première pour les Allègre compatibles : il n'y a pas de problème de réchauffement et ne pénalisons surtout pas la croissance. Un petit tour en 4X4, vu dans 20 minutes, traitant quelques pages plus tôt d'écologie....
Deux belles tempêtes en 10 ans, ça fait beaucoup, non ? Et pourtant on commence presque à s'habituer.
Ca me fait penser à la théorie de la grenouille que l'on peut voir dans le film d'Al Gore. Mettez une grenouille dans un récipient d'eau froide. Faites chauffer lentement, la grenouille ne va pas bouger jusqu'à ce que mort s'en suive. En revanche si vous mettez la grenouille dans de l'eau bouillante, elle va de suite s'en extraire. Et bien la pollution et le changement climatique c'est pareil.
Les catastrophes qui s'accélèrent sont comme une fatalité à laquelle on s'habitue. On va réparer, les assurances vont rembourser puis augmenter leurs primes et on va essayer de continuer à vivre comme avant, comme si de rien n'était, en attendant le prochaine tempête ou autre inondation, ou autre canicule...
Evidemment, on ne peut pas prouver que cette tempête est la résultante du changement climatique mais on ne peut pas prouver l'inverse non plus. Je suis sûr que beaucoup ont pensé à cette hypothèse mais l'ont vite écartée en imaginant un instant ne serait-ce que renoncer à la voiture quelques heures.
Les médias ont également fait preuve d'étroitesse de vue, préférant nous assommer de photos apocalyptiques et commerciales au détriment d'une réflexion de fond. On notera que l'AFP a publié cette dépêche, reprenant des propos de Jean Jouzel, mais peu reprise dans l'ensemble...
Si seulement les catastrophes pouvaient nous faire réfléchir... mais non, Sarko préfère relancer l'économie "business as usual" et assouplir les procédures d'autorisation pour les ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement), autrement dit les investissements des industries présentant des risques pour l'environnement, comme l'explique Laure Noualhat.
A défaut de laisser souffler la planète, elle en prend elle-même l'initiative !
"LE JOUR OÙ LE MONDE SE RETROUVERA À COURT D'ÉNERGIE
Restez les bras croisés et perdez tout...
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On remarquera tout de même une explication du pic pétrolier et quelques chiffres intéressants même si aucune source n'apparait.
Toutefois nous atteignons des sommets en matière de cynisme. Est-ce cela aussi le génie humain ? Comment ne pas craindre pour l'avenir de l'Humanité avec de tels comportements qui, je le crains, ne sont pas isolés ?
Demain samedi a lieu la journée mondiale pour le climat. En ces temps de Téléthon et d'élection de Miss France, n'oublions pas que le Grenelle de l'environnement est en cours de mise en application et que l'après-Kyoto est en discussion serrée à Bali. En vue de cette conférence, l'ONU, par le biais du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a publié son rapport intitulé " la lutte contre le changement climatique : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé". Je vous conseille l'article de So-Ann, très complet sur le sujet.
Pour ma part je n'ai lu que le résumé et la phrase qui a le plus retenu mon attention est la suivante :
"L’une des plus rudes leçons qu’enseigne le changement climatique est que le modèle économique de la croissance et la consommation effrénée des nations riches sont écologiquement insoutenables. On ne pourrait pas infliger de plus profonde remise en question à nos hypothèses sur le progrès que le réalignement des activités économiques et de la consommation sur les réalités écologiques."
Ce constat dur et à destination des dirigeants des pays riches est toutefois tempéré de manière plus politiquement correct un peu plus bas "Dans ce rapport, nous avons émis l’hypothèse que si l’on procède aux réformes nécessaires, il n’est pas trop tard pour ramener les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux tolérables, sans pour autant sacrifier la croissance économique : la prospérité croissante et la sécurité climatique ne sont pas des objectifs contradictoires." En tout cas ces deux phrases me semblent contradictoires. Dommage.
Je conseille également vivement la lecture de la revue environnement des anciens de l'école polytechnique : "La jaune et la rouge" consacrée à "croissance et environnement".
Il est en effet temps de repenser la croissance économique. Presque tout le monde le dit mais presque tout le monde continue d'espérer 2 ou 3 % d'augmentation de PIB. Tout cela est décidément très contradictoire.
Président de la confédération pyrénéenne du tourisme qui regroupe les 38 stations françaises du massif, Pierre Casteras, n'élude pas le sujet : « L'accident climatique de la saison dernière oblige les professionnels à s'adapter. Nous devons d'une part promouvoir un tourisme à l'année dans les Pyrénées d'autre part investir dans des moyens pour fabriquer de la neige ». «On sait fabriquer de la neige en étant respectueux de l'environnement. Si on ne développe pas la neige de culture, on aura un accident industriel et social majeur »
« dans une station de ski, 75 % des émissions de gaz à effet de serre sont produites par les transports touristiques» Jean-Henri Mir, le maire de Saint-Lary, qui vient de lancer son bilan carbone."
Le ski est un des sports les plus néfastes pour l'environnement. Il y a l'impact des aménagements des pistes sur la montagne, de l'urbanisme, la construction et l'exploitation des remontées mécaniques, des canons à neige et leurs réservoirs d'eau et, comme le dit le maire de St-Lary, les déplacements. Les stations Ménuires et Val Thorens ont ainsi fait leur bilan carbone : 73 800 tonnes eq. C sur une saison soit plus de 72 kg par skieur. 74% de cette pollution provient des déplacements des skieurs de leur domicile à la station, en sachant que le bilan ne porte que sur les séjours avec au moins une nuit, les skieurs à la journée ou résidant loin ne sont pas pris en compte.
Si le sport d'hiver subit de plein fouet le réchauffement climatique, il en est également un bon contributeur. C'est un peu l'arroseur arrosé. L'arroseur s'arrose de plus belle car il intensifie sa pratique : plus de pistes, plus hautes, plus de canons à neige. Les extraits de la Dépêche ci-dessus en témoignent. Près de St Gaudens, où j'ai grandi, une petite station plutôt basse marchait bien, Le Mourtis. Puis dans les années 90, il n'y avait plus de neige, elle fermait. Les années d'euphorie 2005 et 2006 voyaient sa réouverture avec des investissements. Soyons certains que les années à venir seront difficiles. Beaucoup de stations projettent, au nom de cette embellie passagère, de doubler leur capacité d'accueil avec des projets immobiliers aussi polluants que laids. Certains préfets comme celui des Hautes-Pyrénées résistent heureusement au lobby de cette activité et au chantage à l'emploi et les "gèlent" car les stations d'épuration des eaux usées sont insuffisantes en taille.
On assiste à une véritable fuite en avant en se voilant la face. Le manque de neige est "un accident" et on investit toujours plus pour repousser le problème et l'accélérer. D'ailleurs les skieurs jouent le jeu car ils sont toujours plus nombreux. Il fallait voir les stations de ski l'été et les routes qui y mènent. Tout était en chantier. Pour reprendre la métaphore du ski, on fonce tout schuss vers la catastrophe. Au cours de la traversée des Alpes à vélo que j'ai réalisée en juin, l'hôte d'un petit gîte déplorait cette fuite en avant, expliquant que les stations de l'arrière pays niçois étaient mortes pour le ski et qu'il fallait réfléchir à les réorienter vers un tourisme moins impactant et plus durable.
Alors bien-sûr on me répondra qu'il y a des emplois derrière, de l'activité. Mais sacrifier l'enviropnnement en vaut-il la peine ? N'est-ce pas déplacer le problème de quelques années et l'aggraver ? Plutôt que cette vision courtermiste et irresponsable, ne faudrait-il pas mieux réfléchir développement durable, non pas à l'échelle du canon à neige pour qu'il consomme moins, mais au niveau des massifs ? Favoriser un tourisme respectueux et l'alimenter par des transports en commun.
De l'autre côté, les skieurs doivent aussi réfléchir à leur pratique. Quel est le prix environemental de ce loisir ? C'est évidemment difficile à calculer. Il n'est pas question de faire une croix sur le ski mais il existe des gestes efficaces comme limiter le nombre de sorties (là je vais me faire insulter, notre mode de vie n'est pas négociable...) ou s'orienter vers des stations desservies par le train ou le bus. Dans les Pyrénées, les stations d'Ax 3 Domaines et Superbagnères sont accessibles en train puis télécabine. La SNCF propose d'ailleurs des forfaits train+ski intéressants, les trains sont équipés pour recevoir les skis.
Pour ma part je n'aime pas trop ce loisir. Outre le fait qu'il se pratique dans des zones artificialisées, faire la queue aux remonte-pentes et parfois se battre presque pour y monter, se trimbaler le matériel inconfortable, s'entasser sur des pistes pour monter, descendre, monter, descendre avec des gens qui bien souvent veulent être vus... Je sature vite et en plus l'ambiance m'insupporte et me stresse. Je suis sans doute à contre-courant parce que c'est un loisir "fun" ( et en plus les portables passent presque partout maintenant).On construit même des pistes de ski à Dubeï !
Photo : Tignes en novembre 2006, les canons à l'action. www.r-montages.com - Piste de Dubei : www.mysterra.org
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