Chirac a donc enfin pris la décision de faire rentrer à la maison le porte-avion Clémenceau après que le Conseil d'Etat ait suspendu son transfert vers l'Inde. L'ex-navire de guerre devait y être désossé et désamianté là où les conditions de ces travaux sont bien loin de respecter l'homme et l'environnement. Le bateau était de toute façon bloqué dans l'océan Indien car la justice indienne avait émis un avis très défavorable.
Chirac ne pouvait guère procéder autrement. Il y a l'affaire Mittal-Arcelor en cours et puis il part la semaine prochaine dans "la plus grande démocratie du monde" pour vendre des avions et des centrales nucléaires (l'Inde n'est pas signataire du traité de non prolifération nucléaire). L'écolo transnational ne pouvait salir plus son image et celle de la France. Déjà que la traversée du canal de Suez a été éprouvante. Sans parler des 30T d'amiante enlevées du bateau et disparues !
Son ami Galouzeau de Villepin lui rachète pourtant une morale en pondant une mission interministérielle qui aura pour but de réfléchir à la fin de vie des navires de guerre et en demandant des mesures à l'Europe pour ce genre de cas.
Michèle Alliot Marie doit, quant à elle, se faire toute petite car c'est elle qui a signé l'envoi de la poubelle flottante en Inde. Son ministère a toutefois annoncé qu'il prendrait en charge le retour à Brest (par le Cap de Bonne Espérance, les Egyptiens pourraient encore faire chier !).
Cette décision est bien entendu la bonne. Elle s'imposait dès le début et cet aller-retour en Asie aurait pû être évité. Mais un tour en mer pour un bateau militaire c'est ...bateau. D'ailleurs un ami m'a raconté son stage sur une frégate de l'armée. Une sortie en mer pour exercices de tirs avaient été tellement catastrophiques que la cible, une espèce de gros ballon gonflé sur la mer, a été détruite à la mitralleuse après plusieurs tentatives missiles et torpilles (l'une d'elle a d'ailleurs été perdue...). Ces armes ne sont pas récupérées et jonchent le fond des océans.
L'issue provisoire de l'affaire est donc une petite victoire pour l'environnement et le respect des populations indiennes. Malheureusement dans le même temps l'ex-paquebot France, ex-Norway a été expédié au Bangladesh pour la même chose. Il avait été envoyé en Malaisie pour un pseudo usage et rebaptisé "Lady blue" afin d'échapper à la convention de Bâle sur les déchets dangereux...
Et si à son retour le Clémenceau coulait ou trouvait un acquéreur sur les côtes africaines ?