Lundi soir j'étais au
meeting de François Bayrou après avoir assisté à celui de Bové jeudi 1er mars. José était au hall 8 du Parc des expos de Toulouse alors que François dans le hall 2 (changé au dernier moment tellement il y avait de monde), beaucoup plus grand !
Quand Bové laisse la parole à de nombreuses personnes et que le meeting ne tourne pas qu'autour de lui, Bayrou est la
superstar, il n'y en a que pour lui. Arrivé au milieu de la foule sous une fanfare qui reprend des vieux tubes de dance-music, la Béarnais est très à l'aise sur l'immense podium tout orange, la couleur des libéraux, face aux 5 à 7000 personnes. Ca change des 1500 Bovétistes, la fanfare aux refrains paillards, la bière bio et les sandwichs faits maison. J'allais voir Bové plus en convaincu, même si son meeting ne m'a pas totalement convaincu et Bayrou en curieux.
Jour de Fête donc pour l'François qui fait sa tournée à l'américaine, moyens techniques assez impressionnants même si je n'ai pas d'expérience des meetings politiques. Et puis de grandes personnalités sont au rendez-vous : Jean Lassalle (l'ex gréviste de la faim) qui, il me semble, a repris la Marseillaise à la fin de tout son coffre et
Patrick Sébastien, le plus applaudi, que Bayrou verrait bien en parlementaire [NDLR futur ministre de la culture ?]. Il faut dire que les élus les plus connus sont tous partis à l'UMP , "
c'est être faible que se rallier au plus fort" dira-t-il.
Sur le fond, le centriste est revenu sur Airbus en disant en gros qu'il fallait que l'Etat français négocie avec l'entreprise le plan social.
Le reste de son discours aurait pu être celui d'un socialiste comme d'un UMP. Un peu de libéralisme, un peu de social. J'ai retenu en gros de la première partie, très intentionnelle, qu'il fallait "
donner à la France les atouts pour se battre dans la compétition internationale", "
rendre l'espoir aux Français", "
créer le grand parti démocrate qui manque" et, bien sûr, dépasser les clivages droite, gauche. "
Ni droite , ni gauche , la France" disait une militante qui introduisait la soirée. Il veut le
changement et mettre en avant les trois catégories qu'il juge les plus importantes : les chercheurs, les entrepreneurs et les artistes. Les piliers de sa politique sont
liberté, égalité, fraternité. Ces valeurs ne sont pas naturelles mais il faut se battre pour les imposer (on sera tous d'accord...)
Pour ce qui est des propositions, il a indiqué quelques priorités.
Tout d'abord, et c'est devenu son cheval de bataille,
la dette. Il s'est juré d'évoquer ce sujet à chaque fois qu'il s'exprimerait. Chaque dépense annoncée sera compensée par une économie ailleurs. Solde nul de son programme.
Lutter contre l'exclusion en créant des emplois (les fameux 2 emplois nouveaux exonérés de charges dans toutes les entreprises... applaudissements nourris). Offrir également une 2° et une 3° chance aux exclus qui ne sont pas des feignants en leur proposant une activité dans une
collectivité, association... pour qu'ils retrouvent leur dignité (gros applaudissements !).
Autre point, relever
le "défi de la mondialisation" grâce aux jeunes Français (énormément de jeunes dans la salle) qui doivent devenir les mieux formés au monde. Il a pris soin de caresser dans le sens du poil l'Education Nationale qu'il connaît, qu'il respecte, qu'il admire et qu'il soutient "
envers et contre tout". Il s'engage à en garantir les moyens pour une école républicaine où tous les enfants en 6ième sauront lire et où l'école de campagne offrira les mêmes chances que l'école du centre de grande ville (applaudissements très nourris).
L'environnement, on y vient, ou plutôt
le climat car c'est le terme qu'il a employé. La France a une responsabilité au niveau international et il s'engage à inscrire au calendrier de l'ONU ce problème très délicat car il faut discuter avec les pays pauvres. Toutefois il veut faire de la France un pays exemplaire (il a parlé d'alternatives à l'énergie ??).
Quant à la peur du retour en arrière, il n'en est pas question car il s'agit d'envisager un autre modèle de société dans lequel les délocalisations n'existeront plus à cause du coût du transport .
En résumé,
plus de conscience, plus de civilisation et plus de solidarité. C'est beau mais ce ne sont que des grandes intentions !
Pour finir
l'Europe. Les ouistes sont désespérés et les nonistes désabusés car il n'y a pas eu le plan B. Il comprend le non (à cause d'un texte illisible et compliqué) et connaissait très tôt le résultat du référendum ! S'il est élu il refait un texte court, lisible, clair, simple que les Français comprendront et approuveront par référendum. [Traduction : ces couillons de Français n'ont rien compris au texte car c'est un truc de spécialiste, c'est un non de forme. On peut leur faire gober la même chose en le présentant mieux et plus simplement et ils voteront oui. J'étais alors énervé par ce discours rabâché partout.]
Gros applaudissements, la Marseillaise et voilà.
Si Bové lançait de belles idées mais pratiquement sans aucune proposition, les idées de Bayrou, moins utopistes et grandes sont illustrées par des engagements qui restent de l'ordre de l'intentionnel. Je ressens vraiment que Bayrou veut réunir ceux qui, car c'est plus facile, décrètent que droite et gauche c'est pareil et veulent du changement. Lequel ? Ils n'en savent trop rien mais sans doute Bayrou cristallise-t-il un
vote contestataire "d'extrême centre". J'ai tout de mal du mal à imaginer à quoi ressemblera le parlement s'il est élu.
Pour ma part,
la droite et la gauche incarnent des valeurs historiques, culturelles, philosophiques différentes. Je vois mal comment un homme, historiquement à droite, peut décréter la fin de ces différences et un consensus forcément très mou.
Je ne voterai donc pas Bayrou. Déjà parce qu'il incarne de nombreuses valeurs libérales et puis finalement il ne propose rien. Il séduit par son côté rebelle, à contre courant en apparence, son ascension assez impressionnante. Père de plein d'enfants, catholique, ancien prof, de la campagne, un peu agriculteur, ça va plaire à pas mal de monde. Pas à moi.
Photo : Bové à Toulouse aux côtés de François Simon - le hall 2 qui accueillait Bayrou, en bas le traducteur en langage des signes.