Dans le grand centre des congrès Pierre Baudis, plus de 3/4 des personnes présentes étaient contre le projet. Les rares interventions en faveur de cette autoroute plaidaient le
désenclavement de leur région (Sidobre dans le Tarn), la
pollution et ses effets sur la santé (même si je n'ai pas trop compris comment...) et l
a croissance de l'agglomération. Le représentant de la mairie de Toulouse a ainsi évoqué son désir de voir la ville rose progresser dans le classement des villes européennes... La croissance comme fin en soi voilà qui me ravit !!!
Ces quelques arguments ne pesaient pas lourd face aux nombreuses autres contributions de l'assemblée, souvent de qualité.
La DRE ne réussissait pas à argumenter et à répondre aux questions précises sur son dossier. J'ai d'ailleurs appris qu'ils avaient fait une simulation de débat au sein de la DRE en demandant aux agents de se lâcher sur les questions et que ceux-ci n'ont, au final, pas été convaincus par le projet.
Cela laisse transparaître également l'état d'esprit de ce projet : on balaye rapidement les alternatives mais on considère que
la voiture et le camion, moyens de déplacement mais aussi mode de vie par excellence, sont la donnée invariable et incompressible.
Le chiffrage concerne en effet essentiellement l'augmentation du trafic (+70% pour le transit entre 2003 et 2020) et en nous expliquant que
le maximum possible avait été pris en compte au niveau transport en commun et solutions alternatives. Pourtant, comme le faisait remarquer un intervenant, la part des transports en commun retenue est de 16% (PDU actuel, non validé par le préfet) alors même qu'un
PDU plus volontariste prévoit 25% mais il a été refusé par le Grand Toulouse. De même, aucun chiffre sur le fret et le ferroutage si ce n'est pour nous expliquer que l'Etat fait tout ce qui est en son pouvoir mais que
Toulouse ne semble pas être un axe privilégié au niveau national.
Quand le dossier aborde les projets à venir pour chaque mode de transport,
la partie route est fournie avec des boulevards urbains, des contournements, des élargissements , des créations.... Côté transport en commun de l'agglomération, on notre 3 projets (prolongement métro B, allongement des quais du métro A et site propre vers Tournefeuille et Plaisance). Les pages qui abordent les transports en commun départementaux ne sont qu'un constat de ce qui se fait sans aucune vision d'avenir. Enfin,
les liaisons ferroviaires ont pour seules vocation d'être remises en état et entretenues sur le plan régional alors que des lignes comme Foix, Castres ou Albi sont encore à une seule voie et non électrifiées !!
L'arrivée du TGV semble être le seul objectif en matière de fer (même si les financements ne sont pas encore trouvés !).
Le dossier; sous un aspect bien ficelé et attrayant est finalement assez pauvre. Il est à noter que je n'ai pas lu les études complètes disponibles sur le site du débat public.
Durant la réunion publique a été abordée à plusieurs reprises la problématique de
la fin du pétrole bon marché. L'étude parle d'un baril entre 35 et 100$ servant de base aux calculs alors même qu'il est aujourd'hui à plus de 80$. Les 35$ sont à oublier au plus vite. De même, la DRE imagine
en 2050 un monde où la voiture serait encore reine alors même que les prévisions les plus optimistes parlent de pic pétrolier vers 2025 et que, comme le soulignait Josée Cambou d'Uminate,
l'augmentation du trafic automobile se tasse.
Technologie et bio-carburants répond M. Crocherie. La fameuse fuite en avant. Il n'a donc pas été pris en compte la raréfaction des énergies fossiles et l'explosion du prix de ce qui restera comme réserve. On va donc construire une autoroute peut-être déserte de voitures, cela sera un peu grand pour une piste cyclable !
Si j'étais déjà convaincu que la construction d'une autoroute était une aberration lorsque le facteur 4 est une priorité, ma perception du projet s'est affinée. Je perçois ce GCA comme une
stratégie nationale de créer un axe de transit vers le sud. En effet, plus l'on creuse les chiffres, plus l'intérêt local s'amenuise. A lire le dossier,
1 seul tracé tient vraiment "la route" : par l'Est à une trentaine de kilomètres du périph' actuel. Jugez plutôt : sur la rocade sud, le trafic augmenterait de seulement 65% avec le GCA au lieu de ... 67% sans. Sur l'est, à priori plus impacté, l'augmentation s'élèverait à 45% au lieu de 55% soit environ 11 000 véhicules/jour ce qui est peu pour une autoroute. Les gains de temps, entre 22' (voitures) et 7' (camions), si les limitations de vitesse sont les mêmes dans 20 ans, pour relier l'A61 à l'A62 vont-ils inciter réellement à utiliser le GCA et faire pas mal de km en plus (coût du péage et des kilomètres supplémentaires) ?
Ces chiffres ne veulent de plus pas dire grand chose. Quand on évoque la saturation de la rocade actuelle, il faut parler en heure de pointe. Le reste du temps, la voie est libre et l'intérêt du GCA est nulle. Le trafic de transit et une toute petite partie du trafic d'échange, seuls concernés par le GCA, représenteraient moins
3% des véhicules aux heures de pointe selon le Conseil Général (contre le projet).
Les prévisions aux heures de pointe sont absentes de l'étude. Car le soulagement du périph' le matin et le soir est bien l'argument utilisé par les communicants. Les véhicules qui encombrent la rocade chaque matin ne sont pas concernés par ce GCA.
Je n'évoque pas ici le problème de l'étalement urbain de l'agglomération, parmi les moins denses de France. D'ailleurs, tantôt on nous explique que le GCA ne le favorise pas tantôt c'est l'inverse. Il n'y a qu'à voir la carte des zones construites pour trouver un parallèle troublant avec les échangeurs autoroutiers !
La mairie de Toulouse avait communiqué massivement sur l'argument du soulagement de la rocade, avec mauvaise foi, en commandant
un sondageà BVA en mai dernier.
77% des personnes interrogées avaient répondu favorablement à l'idée. La mairie avait pris soin de ne pas expliquer le projet et de jouer sur les mots "grand contournement" et "rocade". Jean-Luc Moudenc, maire, invitait même à "
inventer la rocade du 21ième siècle".
La question cruciale de ce sondage était "
êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à la création d'une deuxième rocade, c'est-à-dire un grand contournement routier de Toulouse ?" Tout le monde est tombé dans le panneau. Il aurait fallu demander "
êtes-vous favorbale à un grand contournement autoroutier à péage de l'agglomération toulousaine ?".
L'aspect environnemental n'était pas oublié car il était demandé aux sondés, auparavant, s'ils se sentaient concernés par la protection d l'environnement. Parmi les justifications de cette "seconde rocade", il leur était également proposé dans les réponses possibles la réduction de la pollution !
Une autre question proposait de choisir parmi les 3 propositions suivantes "
vous êtes pour la construction d'un grand contournement routier quelque soit les conséquences pour l'environnement" - "
vous êtes pour la construction d'un grand contournement routier si le projet prend en compte la préservation du cadre de vie et de l'environnement" - "vous êtes contre la construction d'un grand contournement routier". Pas la peine de faire un dessin pour expliquer quelle proposition recueille 83.3%....Il était également question d'un
grand contournement ferroviaire dont on ne trouve pas de trace précise dans le dossier de GCA.
Je conseille à Toulouse de refaire ce sondage une fois le débat public terminé, quand la majorité des gens sauront en quoi consiste ce projet.
En résumé, la réflexion simple et significative d'un des membres de la commission consistait à se demander comment l'on peut se fixer des objectifs de réduction des GES au niveau du facteur 4 et construire en parallèle des autoroutes...