Et oui, les 90 km/h sur la rocade de Toulouse n'auront été qu'un mirage, un test d'à peine 3 mois.
Dès lundi prochain, on reprend les bonnes habitudes, on accélère à 110 km/h, on fait vrombir les moteurs, on libère les chevaux et tout ce qui va avec (je vous épargne les détails).
Pour dire vrai je n'ai pas tellement eu l'occasion de rouler sur la rocade cet été car elle est interdite aux vélos... Le peu que j'ai vu m'a donné l'impression que
cette limitation à 90km/h était globalement respectée, du moins quand il y avait un peu de monde.
Mais les bonnes choses ont une fin même s'
il se murmurait que le test aurait pu devenir définitif à la rentrée, l'accueil ayant été bon par la population toulousaine. L'avenir incertain pour les énergies fossiles et encore plus préoccupant pour le réchauffement climatique n'aurait-il pas dû inciter à péréniser cette
mesure comprise et acceptée et qui, de toute façon, sera un jour au l'autre indispensable ?
Seulement 3 minutes de moins à 110 km/h
Je ne vois
aucun argument qui puisse être en faveur du 110. Peut-être le gain de temps, hors heures de pointe, mais La Dépêche du Midi, dont il est question plus bas, ironisait en juin sur les 3 minutes gagnées à 110 km/h sur un tour complet. Rappelons qu'à Paris le périphérique est limité à 80 km/h.
La Dépêche du Midi nous gratifiait aujourd'hui d'un
beau papier sur ce retour à pleine vitesse. Comme on peut le faire pour un blog, le journaliste (pour la petite histoire c'est celui qui a pris contact avec moi en vue de
cet article) traite le sujet tout en subjectivité.
Ses arguments en plus d'être approximatifs sont malhonnêtes.
Au-delà de la petite provocation sous forme d'une pub pour le salon du 4X4 (capture d'écran ci-contre), le chapeau de l'article commence fort : "
la limitation de vitesse sur le périphérique ne semble pas réduire les accidents, ni la pollution. Seules les caisses de l'Etat en bénéficient".
"la limitation de vitesse sur le périphérique ne semble pas réduire les accidents" Or, on pourra lire quelques lignes plus bas que "
le nombre d'accidents en juillet est en légère baisse par rapport à 2005 (19 contre 26)". Même si les chiffres sont faibles pour être statistiquement fiables,
la diminution est de 27%, ce qui n'est pas si léger que ça et encore moins nul.
"ni la pollution" Quant à la pollution, on ne peut pas encore conclure puisque l'auteur le dit lui même "
On ne connaîtra pas l'impact de cette restriction sur la qualité de l'air avant fin octobre". Il tente pourtant d'étayer cette inefficacité sur l'environnement, qui était l'objectif de la mesure, par les chiffres des dépassements d'ozone.
Je suis allé vérifier sur le
site de l'Oramip qui effectue les mesures. Quand M. Wibart relève 4 prévisions de
dépassements du seuil d'informations sur Toulouse en juillet de cette année, l'Oramip en compte 3 (pour les 1,2 et 25/07). Il n'y en a effectivement eu que 2 (17 et 25/07).
En 2003, notre journaliste évoque 2 dépassements au mois de juillet alors qu'il n'y en a eu qu'un (12/07). Il n'est pas inutile de préciser que si la canicule a eu lieu en juillet cette année, elle se déroulait en aôut 2003, mois qui a vu 5 dépassements sur la ville rose et avec lequel il aurait eté plus opportun de faire la comparaison.
A énumérer les dépassements, pourquoi ne pas évoquer 2004 et 2005, étés non frappés par de très fortes chaleurs. Il y a eu respectivement 2 et 1 dépassements. Ces statistiques ne permettent donc pas d'affirmer que l'impact est nul.
"seules les caisses de l'Etat en bénéficient" L'auteur évoque l'inévitable pompe à fric qu'est l'Etat, des radars automatiques étant présents. C'est l'argument préféré des opposants à cette mesure. Mais vous connaissez le refrain,
l'Etat nous vole et après il gaspille. Tout est bon pour récupérer des impôts !!! Il a beau affirmer que "
seules les caisses de l'Etat en bénéficient" et, même si les sources ne se dévoilent pas en journalisme, il n'y a aucun argument pour appuyer le propos.
Un autre argument évoqué dans ce papier est celui de l'inefficacité sur les bouchons. En plus de ne résulter que d'une appréciation personnelle, il est difficilement vérifiable, l'été étant une période creuse...
Je respecte l'opinion personnelle de M. Wibart de ne pas approuver cette mesure et d'être impatient de se rendre à son stage à 110 km/h mais
un minimum d'honnêteté intellectuelle et d'éthique journalistique lui auraient interdit une tribune d'opinions dans la Dépêche du Midi sous le couvert de l'information.