1 mars 2006
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La Dépêche du Midi est le quotidien régional incontournable sur Toulouse. C'est un journal populaire quand il n'est pas... populiste !
Ce mardi 28 février, en "une" des pages locales on pouvait trouver un titre formidable : "Stationnement : la flambée des P-V". J'ai de suite senti que j'allais me régaler ! La Détresse du Midi nous a sûrement concocté un de ces papiers de fond dont elle seule a le secret... Sans plus attendre, plongeons au coeur de l'enquête !
La pleine page consacrée au sujet est surmontée d'un titre simple, facile à comprendre, dépouillé de tout jeu de mot superflu, l'heure n'est pas à la rigolade, "L'inflation des amendes". Tous les salons de coiffure et autre bistrots toulousains sont prévenus, ça va causer sec ce matin !
Quelques lignes plus bas on peut pourtant lire que 200 000 P-V ont été dressés en 2004 contre 185 000 en 2005. Ca commence mal. La DDR nous aurait menti dans son titre... Fermons les yeux, faut bien que la presse vive !
Heureusement, la photo pleine page nous remet direct dans l'ambiance, effrayante : on voit des mains vêtues de gants noirs glisser un P-V sous l'essuie-glace d'une voiture. Ca fait froid dans le dos ! Un policier en action tel un tueur en série !
Le papier démarre sur les chapeaux de roue. L'auteur cite un citoyen lambda qui s'est "garé pour quelques secondes" car il "avai(t) juste un document à déposer à l'agence de Voyages Dépêche (sic)" et explique que ce Toulousain a été "piégé comme des centaines ces derniers temps dans la ville Rose. Le temps de l'impunité et du risque calculé est semble-t-il bien terminé". Mais les calculs étaient-ils bons lorsque deux filles se sont faites renverser et tuer sur le Pont St Pierre l'an passé alors qu'elles circulaient à vélo, la piste cyclable étant encombrée par des voitures stationnées ?
Le décor planté, examinons maintenant les conséquences de ces injustes contraventions. La plus importante, et c'est le fil de l'article, la pénurie de timbres-amende ! Savez-vous pourquoi ? A cause "du choc de la hausse du prix du tabac". Mais oui, mon petit monsieur, ou ma petite dame, l'Etat a augmenté le prix du tabac de 50%. Résultat, les bureaux de tabac ont dû licencier et le personnel restant n'a plus le temps d'aller se ravitailler en timbres-amende auprès de la recette des impôts "avec des heures d'ouverture pas toujours très pratiques" [NDLR : comprendre que les fonctionnaires sont des feignants].
Toute enquête qui se respecte doit élucider les causes. Après avoir cité vaguement l'augmentation des effectifs de la Police, les radars automatiques, l'extension des zones payantes, l'auteur s'autorise une petite sortie de route et avance une hypothèse qui ne tient pas du tout la route car complètement infondée dans son papier : les quotas de P-V. "On peut en effet faire parler les appareils à sous (sic) : s'ils ne rapportent pas leur quota de pièces et que l'agent ne ramène pas non plus de P-V, il y a problème". Explication très personnelle mais CQFD !
Pour appuyer le tout, un témoignage choc, terrible, poignant, digne de bataille et Fontaine ou JP Pernaud sur TF1 vient garnir le bas de page : "15h29 : elle paye l'horodateur et récolte un PV". Une pauvre dame a en effet été verbalisée alors qu'elle était en train de payer son stationnement ! Pour renforcer son innocence, rien de mieux que le coup du "sévère lumbago" mais surtout "cette militaire à la retraire ne badine pas avec le règlement".
La crédibilité de l'article est renforcée par les photos du PV en question et du ticket d'horodateur. Les preuves sont là, rien à dire, un vrai travail d'investigation.
La DDR, avec ce populisme puant, n'effleure même pas les vraies causes et les vrais problèmes du stationnement anarchique et du nombre important des verbalisations : l'individualisme des automobilistes, leur irrespect, leur sentiment de liberté et de toute-puissance dans leur boîte en fer, l'incivisme... bref la voiture est une grosse saloperie en ville. Ceux-là même qui commettent ces actes anti-citoyens se plaignent dans le même temps des impôts trop élevés, ces impôts qui servent à payer des poteaux tous les 2 mètres sur les trottoirs afin d'interdire aux voitures d'y monter, des policiers pour faire respecter les règles et la cohabitation des usagers.
Si la Détresse du Midi avait eu un poil d'humour elle aurait titré son article de grande qualité par "Police partout justice nulle part".
Ce mardi 28 février, en "une" des pages locales on pouvait trouver un titre formidable : "Stationnement : la flambée des P-V". J'ai de suite senti que j'allais me régaler ! La Détresse du Midi nous a sûrement concocté un de ces papiers de fond dont elle seule a le secret... Sans plus attendre, plongeons au coeur de l'enquête !
La pleine page consacrée au sujet est surmontée d'un titre simple, facile à comprendre, dépouillé de tout jeu de mot superflu, l'heure n'est pas à la rigolade, "L'inflation des amendes". Tous les salons de coiffure et autre bistrots toulousains sont prévenus, ça va causer sec ce matin !
Quelques lignes plus bas on peut pourtant lire que 200 000 P-V ont été dressés en 2004 contre 185 000 en 2005. Ca commence mal. La DDR nous aurait menti dans son titre... Fermons les yeux, faut bien que la presse vive !
Heureusement, la photo pleine page nous remet direct dans l'ambiance, effrayante : on voit des mains vêtues de gants noirs glisser un P-V sous l'essuie-glace d'une voiture. Ca fait froid dans le dos ! Un policier en action tel un tueur en série !
Le papier démarre sur les chapeaux de roue. L'auteur cite un citoyen lambda qui s'est "garé pour quelques secondes" car il "avai(t) juste un document à déposer à l'agence de Voyages Dépêche (sic)" et explique que ce Toulousain a été "piégé comme des centaines ces derniers temps dans la ville Rose. Le temps de l'impunité et du risque calculé est semble-t-il bien terminé". Mais les calculs étaient-ils bons lorsque deux filles se sont faites renverser et tuer sur le Pont St Pierre l'an passé alors qu'elles circulaient à vélo, la piste cyclable étant encombrée par des voitures stationnées ?
Le décor planté, examinons maintenant les conséquences de ces injustes contraventions. La plus importante, et c'est le fil de l'article, la pénurie de timbres-amende ! Savez-vous pourquoi ? A cause "du choc de la hausse du prix du tabac". Mais oui, mon petit monsieur, ou ma petite dame, l'Etat a augmenté le prix du tabac de 50%. Résultat, les bureaux de tabac ont dû licencier et le personnel restant n'a plus le temps d'aller se ravitailler en timbres-amende auprès de la recette des impôts "avec des heures d'ouverture pas toujours très pratiques" [NDLR : comprendre que les fonctionnaires sont des feignants].
Toute enquête qui se respecte doit élucider les causes. Après avoir cité vaguement l'augmentation des effectifs de la Police, les radars automatiques, l'extension des zones payantes, l'auteur s'autorise une petite sortie de route et avance une hypothèse qui ne tient pas du tout la route car complètement infondée dans son papier : les quotas de P-V. "On peut en effet faire parler les appareils à sous (sic) : s'ils ne rapportent pas leur quota de pièces et que l'agent ne ramène pas non plus de P-V, il y a problème". Explication très personnelle mais CQFD !
Pour appuyer le tout, un témoignage choc, terrible, poignant, digne de bataille et Fontaine ou JP Pernaud sur TF1 vient garnir le bas de page : "15h29 : elle paye l'horodateur et récolte un PV". Une pauvre dame a en effet été verbalisée alors qu'elle était en train de payer son stationnement ! Pour renforcer son innocence, rien de mieux que le coup du "sévère lumbago" mais surtout "cette militaire à la retraire ne badine pas avec le règlement".
La crédibilité de l'article est renforcée par les photos du PV en question et du ticket d'horodateur. Les preuves sont là, rien à dire, un vrai travail d'investigation.
La DDR, avec ce populisme puant, n'effleure même pas les vraies causes et les vrais problèmes du stationnement anarchique et du nombre important des verbalisations : l'individualisme des automobilistes, leur irrespect, leur sentiment de liberté et de toute-puissance dans leur boîte en fer, l'incivisme... bref la voiture est une grosse saloperie en ville. Ceux-là même qui commettent ces actes anti-citoyens se plaignent dans le même temps des impôts trop élevés, ces impôts qui servent à payer des poteaux tous les 2 mètres sur les trottoirs afin d'interdire aux voitures d'y monter, des policiers pour faire respecter les règles et la cohabitation des usagers.
Si la Détresse du Midi avait eu un poil d'humour elle aurait titré son article de grande qualité par "Police partout justice nulle part".